Festival | Cri de Femme 2014 | Paris | Martinique | Guadeloupe

Le festival Cri de Femmes a déployé ses ailes, comme à l'accoutumée - ou presque - pour sa troisième consécutive. "Ou presque" parce qu'une nouvelle aire s'est alignée dans cette danse, cette contre-danse - puisque nous évoluons sur des airs de contestation, de dénonciation, de revendication et d'affirmation - pour les femmes et contre - oui, contre! - les violences qui leur sont faites ! Je parle ici de la Martinique.


Une nouvelle venue : La Martinique (28 mars)

Nouvelle venue avec une date 'unique qui bouclera le festival le 28 mars. J'ai eu, pour cet événement que j'avais intitulé « Sandra » – en l'honneur de la jeune femme immolée par son ex-compagnon évoqué dans le film projeté (Jusqu'à ce que la mort nous sépare de Steve et Stéphanie James) – le concours de Nathalie Montlouis-Despois qui fut une parfaite coordinatrice-relai et, à travers elle, l'Université des Antilles qui prêté ses locaux. La manifestation s'est effectivement déroulée dans l'amphi Sellaye sue le campus de Schoelcher. Cet après-midi a permis d´Ã©voquer les violences conjugales, mais aussi de mettre en exergue le talent de femmes artistes martiniquaises: Mapie Emotion dans une performance de Spoken Word et Stella Gonis, avec un concert de Bèlè. La poétique de la Martinique a résonné ce 28 mars !

Nous espérons que le Cri résonnera en Martinique en d’autres lieux en 2015 ! Nous nous y attacherons ! (Appel aux artistes martiniquais !). D’autant qu’une demande m’a été soumise pour la Guyane ! Oui, j’espère bien que la Guyane sera des nôtres l’année prochaine !
Si le Cri de Femmes est si large et enjambe des étendues d’eau afin de se faire entendre aux Antilles, sur le continent américain avec la Guyane bientôt et au cÅ“ur de la capitale, c’est parce que la France est plurielle. Elle est hexagonale et extraterritoriale jusqu’à ce jour ! Mais aussi parce que les femmes connaissent des formes de violences à la fois similaires Alors, les Antilles, la Guyane et j’espère aussi les territoires des îles de l’Océan Indien et Pacifique seront mobilisées bientôt !

Mais laissons nos rêves de côté – juste le temps de quelques lignes – pour effectuer un retour ému sur l’édition 2014. Paris et la Guadeloupe sont engagées depuis trois et deux ans. Dans cette entreprise, pour la Guadeloupe, je suis aidée par ma sÅ“ur jumelle Prisca Melyon-Reinette, ma mère Viviane Melyon De France, et ma sÅ“ur de cÅ“ur Maryvonne Erdan (avec qui Prisca et moi avons partagé bien des aventures, chorégraphiques notamment). Superbes coordinatrices ! Cette année, nous avons été rejointes par Laurie Beauzor qui a apporté son concours en termes de communication. Merci à toutes ! Mais qui sont les artistes qui ont participé bénévolement (Oui j’insiste sur l’aspect caritatif du festival) ?

Le programme était large – comme de coutume – tant en Guadeloupe qu’à Paris. La poésie dans toutes ses splendeurs ! Dès le début du festival, je privilégie le lyrisme et invite des artistes de tous bords, de tous horizons (résidant en France hexagonale et ultramarine) et toutes disciplines à soumettre un projet pour soutenir le Festival Cri de Femmes ! Ils ont été nombreux à répondre présents ! Et par ailleurs, je propose des séminaires avec des intervenants associatifs, universitaires ou explorateurs !

PARIS !

À Paris le Festival s’est déroulé en six rendez-vous artistiques et culturels. Quatre événements artistiques et deux séminaires. Le festival parisien est ouvert par le vernissage d’une exposition « Des Femmes » de Ladyy Jday, organisée par Elizabeth Ndala dans sa galerie de Bagnolet : la Bab’s Galerie (83, rue Sadi Carnot, 93170 Bagnolet). Ce sont des portraits de femmes qui respirent la rage, voire le courage, et l’émotion. Ces femmes qui crient leur féminitude, dans des couleurs énergétiques : 
Fluorescentes, bright ! Bright signifie ‘brillant’ mais aussi « intelligent » ! Ce sont aussi des couleurs chaudes et féminines (selon la nomenclature occidentale of course !). Roses, jaunes, rouges, orangés… Et des mots qui déclarent ! « Women can do it ! ». Belle soirée, donc, le 7 mars, au cÅ“ur de cette exposition qui rencontrera d’autres artistes plasticiens invités par Elizabeth Ndala pour faire parler des femmes tout au long du mois de mars. L’exposition s’achèvera le 29 mars ! La galerie sera également le lieu qui accueillera les séminaires. Nous y reviendrons.

Le 8 mars, nous avions deux rendez-vous. Un séminaire animé par Stéphanie Mulot (anthropologue et sociologue enseignant à l’université Toulouse Le Miral) et l’instant musical du festival parisien. Le CROON.

Le séminaire s’intitulait « L’influence des catégories de genre aux Antilles : où en sont les rapports hommes-femmes ? » et s’est tenu à la Bab’s Galerie. Une quinzaine de personne sont venues. Séminaire intimiste quia permis des échanges fructueux. J’ai voulu aborder cette thématique car aux Antilles comme dans d’autres sociétés postcoloniales – population noire – il existe ce qu’on appelle les familles « matrifocales » : la mère en est le pilier, le mur porteur, le potomitan. Elle est père et mère. La thèse de Stéphanie Mulot (aujourd’hui professeur) traitait de cette problématique et elle a accepté de donner cette conférence. Il s’agissait de mettre en exergue les familles dont le chef de famille, le centre, est la femme, la mère. Les échanges – séminaire très interactif – portaient tant sur la figure de l’homme réduit à sa sexualité et soustrait de toute responsabilisation familiale et de la figure maternelle sacralisée… J’ai pu filmer cette rencontre… Tout de suite des images !
Le concert CROON. « CROON » comme « Crooner ». Salle comble. J’ai eu cette idée un peu folle – fan de jazz, de blues et désireuse de replacer les femmes au centre de nos amours perdues, éclatées, violentes pour certaines et qu’elles ne soient plus éclatées, violentes, perdues – que les artistes, en plus de leur répertoire, reprennent un standard de la musique mettant les femmes en valeur, honorant les femmes… Et ce fut un succès indéniable ! Je les remercie d’avoir jouer le jeu. Les artistes présents ce soir là, au Théâtre du Temps  (9, rue Morvan, 75011 Paris) :

Sissy Akoma (facebook.com/sissy.akoma)

Corinne Pierre-Fanfan (corinnepierre-fanfan.bandcamp.com)

Angélik Sings (www.facebook.com/pages/Angélik-Sings)

Kalimat
Capitaine Alexandre et Christophe Isselee

Nataly Andria (https://soundcloud.com/nataly-andria)

Nathalie Durand (Our Tribe’s Vibration)

Jearian Ondo

Chaque année le concert est un moment mémorable où partage est le maitre mot aux côtés de l’engagement et de l’authenticité de chacun des artistes. Je dois dire que je suis réellement heureuse d’être en présence de ces artistes lumineux. La vidéo vous mettra en haleine jusqu’à l’année prochaine. Entre poésie, soul, R’n’B, jazz, world music, nous avons fait un tour du monde vibratoire. Merveilleux moment. Un extrait vidéo…
Le 14 mars. « Ces jours qui dansent avec la nuit ». Place au théâtre. Pièce adaptée du roman éponyme de Caya Makhélé, mise en scène par Sirine Achkar et interprétée par Anyès Noël, est une pièce qui traite merveilleusement bien de toutes ces problématiques qui concernent la femme… c’est là mon avis et la raison pour laquelle j’ai décidé de la reprogrammer. Cette fois, elle a joué avec le décor. Et l’intensité y était encore plus vive, mordante, poignante,  renversante… La violence psychologique-esthétique infligée aux femmes, le regard des femmes sur elles-mêmes, les attentes des femmes vis-à-vis des hommes, vis-à-vis d’elles-mêmes, l’émancipation des femmes, des codes sociétaux, des rôles imposés, de l’amour, du couple, de la sexualité, de la liberté, de l’éducation, l’enfantement et la perte d’un enfant… Des thèmes apparaissant en filigrane dans la pièce…  des échanges très riches ont suivi la performance d’Anyès et le travail de ces deux femmes de caractère ! Merci mesdames !

Le 20 mars. Séminaire « Un parcours de guérison – Expérimentation, échange et partage autour d’un atelier de dessin spontané » proposé par Frédérique Jean. Bab’s Galerie. Frédérique proposait cette rencontre autour de son expérience. Le témoignage. J’aime ce genre de rencontre et cet outil de découverte et de questionnement (de soi-même également et de l’autre). Je voulais proposer une alternative aux services et prises en charge proposées par les services sociaux aux femmes victimes. Le travail de Frédérique Jean n’est pas destiné exclusivement aux femmes victimes mais à toute personne souhaitant « se nettoyer », se comprendre, se découvrir, ou se délester de certaines pesanteurs ou de certains problèmes… Ce soir-là, une quinzaine de personnes également ont assisté à la rencontre et les échanges furent fructueux. Je n’ai pas fait de film car je trouvais que cela était intrusif, compte tenu que chacun a fait un réel travail sur soi et a pu échanger des impressions intimes avec les autres… Mémorable. Inoubliable. Irréversible, je pense. Une fois l’amorce du changement effectuée, il ne peut aller que vers une introspection plus profonde… (cf. photos)

Le 26 mars. « Rondes Millénaires ».

Le dernier rendez-vous (la soirée de clôture donc) parisien fut une soirée dédiée à la danse. Trois compagnies nous ont fait voyager. La Compagnie En Marche (jessicadiamanka.jimdo.com) créée par Jessica Orsinet-Diamanka présente une création en cours, en collaboration avec Delphine Cammal (mise en scène, scénographie). Nullement un goût d’inachevé, mais le sentiment d’être privilégiés puisque nous avons eu la primeur d’une recherche chorégraphique qui promet un magnifique moment de danse. Cet avant-goût de la « Traversée » fut une très belle ouverture pour cette soirée. « La Traversée » est un solo, un monologue même, interprété par Jessica Orsinet-Diamanka, qui retrace le parcours d’une femme qui lutte pour sortir des ornières de la violence qu’elle subit. Il y a la lutte, l’abandon, le découragement, le déséquilibre, puis la foi, la victoire et l’envol… En 15 minutes, toutes ces phases étaient perceptibles… J’ai hâte de voir la suite.
La seconde compagnie, Cie Afro-Ka Danse, a présenté un duo « À Ma Zone ». Cette compagnie, créée par Sabrina Fairfort, propose des créations mêlant danse traditionnelle guadeloupéenne (gwoka), danse contemporaine et modern jazz (Graham, Horton…). « À Ma Zone » est un questionnement sur la place de la femme moderne dans la société, son rapport à ses origines, ses racines et son combat pour concilier les deux… Un beau moment de danse que nous ont proposé Sabrina Fairfort et Anaëlle Corcho.

Enfin, en clôture de cette soirée et du festival parisien, une troupe de sabar (Yama, Reine du Sabar) est venue présenter cette danse traditionnelle du Sénégal (Afrique de l’Ouest, cultures wolof, sérères et Lébou). Pour moi, c’est une danse de libération, d’émancipation, d’affirmation de soi et d’affirmation de sa féminité. Cette danse vous révèle. Elle révèle ce qu’il y a en vous. C’est, du moins, ce que Yama Wade en dit. Nous avons terminé sur un moment de tradition et de rencontre culturelle entre les danseuses et le public…


La vidéo suivante compile quelques extraits de la soirée…


GUADELOUPE !

Nous vous avons donné rendez-vous à de nombreuses occasions pour célébrer les femmes guadeloupéennes et sensibiliser la population aux violences qui leur sont faites. En cela, nous avons été largement aidées par Guadeloupe Première, et nous en remercions la chaine et tous les journalistes qui ont relayé l’information. Également Mahité Perrault pour l’annonce dans le KKfèt.
7&8 mars. Des ateliers de coaching personnel et de sensibilisation aux violences faites aux femmes – et l’une des plus prégnantes et pourtant ignorées est la violence esthétique dont la publicité se fait le relai massif – se sont déroulés à Basse-Terre, à la piétonne, en partenariat avec l’Union des Commerçants de Basse-Terre. Acceptation de soi, valorisation de ses atouts, compréhension et appréhension de son identité (créole ? de femme ? de femme noire ?) étaient au cÅ“ur des échanges avec, comme interlocutrice principale, Prisca Melyon-Reinette, éducatrice spécialisée-sophrologue et coordinatrice-relai du Festival Cri de Femme Guadeloupe.

14&15 mars. Un week-end de séminaires s’est déroulé à l’Espace Vivelle. Dans le cadre de notre grande thématique « Femmes Cosmogonies », Prisca Melyon-Reinette et Viviane Melyon de France ont permis de mettre en place cette rencontre autour de la femme comme siège de la vie. La femme est le siège de la vie. Berceau de l’humanité. Après avoir parlé de la violence conjugale (Paris 2012, Guadeloupe 2013), des « féminins, féminismes » (2012), du « viol comme arme de guerre » (Paris, 2013), je souhaitais mettre en exergue la femme, mère, pilier familial, cocon pour la vie… Siège parfois violé, souillé…


Au programme, il y avait :
Le vendredi 14, il y a eu deux interventions. Celle du Dr. Guy Halley (Docteur en médecine, gynécologue-obstétricien) qui a traité « Signes évocateurs de violences sexuelles sur l’enfant ». et le Dr. Viviane Melyon (médecin généraliste & soins esthétiques, Directrice du Centre de soin et de sante Vivelle) traita du sujet « Prise en charge des jeunes filles victimes et en situation de grossesse précoce. Retour sur expérience ». La soirée s’est clôturée sur un concert de Marie-Line DAHOMAY.

Le lendemain, en matinée, trois interventions. La première de Frédéric Dromer et de Prisca Melyon-Reinette, tous deux éducateurs spécialisés s’intitulait « Les maternités précoces, regards croisés de deux éducateurs spécialisés ». Puis Raymond Otto, socio-anthropologue, a parlé de « la relation mère-fille dans une matrifocalité sublimée ». Enfin la troisième intervention était celle de Pierre Alain Lollia qui a exposé sur « la problématique des grossesses précoces en Afrique ».

De très belles rencontres agrémentées par des repas végétariens préparés par Biotyful Naturelle. Merci à toute l’équipe pour ce diner et ce lunch en santé.







22 mars. Concert « AWA ». Art’Chipel Guadeloupe (Scène Nationale).

AWA, signifie « non » en créole.
AWA est aussi un prénom féminin du Sénégal qui signifie « Eve » ou « femme ». Aussi avons-nous dit « non » aux violences faites aux femmes le 22 mars. Les artistes présents, mobilisés, ont présenté leur répertoire.
Meemee Nelzy (meemeenelzy.bandcamp.com)
Dhan Gustave (https://soundcloud.com/dhan-gustave)
Maqflah Dahvoice  (maqflah.bandcamp.com)
Helium Hanga  (https://soundcloud.com/helium-hanga)
Marly Melyon
Carole Venutolo (www.carolevenutolo.com) & Marie-Line Dahomay (Opéra Ka)
Yvelle

Je remercie encore toute l’équipe Cri de Femmes Guadeloupe qui s’est démenée. Le Conseil Général (www.cg971.fr) – en la personne de Mr Daniel Dumirier et du Président Jacques Gillot – qui nous a apporté une aide précieuse : apport de moyens logistiques, Accès à la Scène Nationale… Je remercie également Jimmy Louis de la Médiathèque Caraïbes Bettino Lara ou LAMECA (www.lameca.org) pour son aide dans la mise en place des séminaires et pour la captation audio.
 
Le Festival Cri de Femmes 2014 s’est déroulé magnifiquement. Je remercie Jael Uribe de me renouveler sa confiance. Longue vie au Mouvement International des Femmes Poètes (Movimiento Mujeres Poetas internacional) !

Nous allons Å“uvrer pour que l’édition 2015 soit encore plus belle et plus vaste ! Bienvenue à la Guyane (et à la Réunion ?) !! Grandissons ensemble pour que le Cri se fasse entendre encore plus largement ! Bientôt des nouvelles pour les participations 2015.


Stéphanie Melyon-Reinette alias Nèfta Poetry
Ambassadrice Cri de Femmes France (Hexagone – outremers).


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